Amnesty International a condamné jeudi le nouveau protocole de santé de la République dominicaine qui oblige les migrants à fournir des documents et à payer des frais pour accéder aux services de santé publique. Le groupe a fait valoir que le nouveau protocole est discriminatoire et pourrait violer les normes internationales des droits de l’homme.
Le 6 avril, le gouvernement a annoncé un nouveau protocole de santé composé de 15 mesures de migration. En plus d’exiger de la documentation et des frais, un patient migrant qui a reçu des soins médicaux, relatifs aux urgences, à l’hospitalisation ou à l’accouchement, sera rapatrié à son pays d’origine.
Le groupe a exprimé de fortes préoccupations contre la politique discriminatoire, décrivant le protocole comme «renforçant le racisme dans les politiques de migration». Le groupe a également fait valoir que la pratique menace le droit à la santé, à la vie privée et à l’intégrité physique, en dissuadant les personnes à risque, en particulier les femmes enceintes, les enfants et les survivants de la violence, de rechercher les soins de santé dont ils ont besoin urgemment besoin. Selon le groupe, le protocole viole le propre principe constitutionnel du pays sur l’accès libre et universel à la santé dont jouissait les migrants marginalisants, les Haïtiens sans papiers, les demandeurs d’asile, les apatrides et les dominicains d’origine haïtienne.
Ana Piqueer, directrice des Amériques chez Amnesty International, a déclaré:
Le président Luis Abinader doit opter pour des mesures qui renforcent le système de santé. La mise en œuvre d’un système qui expose les migrants à l’expulsion après avoir reçu des soins médicaux viole non seulement le droit à la santé mais déshumanise également des personnes sans papiers et, selon toute probabilité, les dissuader de rechercher des soins à l’hôpital, mettant ainsi des vies en danger.
L’expulsion collective des étrangers peut constituer des violations de plusieurs conventions internationales, notamment le principe de non-refoulement en vertu de la Convention des réfugiés de 1951 et de la Convention contre la torture. Les lois nationales sur l’expulsion sur la base de l’origine nationale peuvent également s’engager avec la Convention sur l’élimination de la discrimination raciale.
Le 21 avril, Amnesty International a émis une action urgente exigeant la fin de l’expulsion collective des migrants haïtiens et l’abrogation des politiques de migration discriminatoires en République dominicaine, déclarant que «depuis octobre 2024, plus de 180 000 personnes ont été déportées». Dans leur action urgente, Amnesty International a exhorté la population dominicaine à rejeter ces mesures cruelles et racistes par action.
L’escalade de la violence des gangs en Haïti a incité de nombreux Haïtiens à fuir vers la République dominicaine. Le 22 avril, la représentante spéciale de l’ONU, Maria Isabel Salvador, a averti le Conseil de sécurité que le chaos politique, la violence et le déplacement des gangs qui suit «s’approche d’un point de retour», exhortant pour une intervention internationale plus forte.