Mercredi, une coalition de plusieurs organisations de défense des droits de l’homme a exhorté le Conseil de l’Europe à publier un projet de loi pour le nouveau tribunal spécial pour le crime d’agression contre l’Ukraine, approuvé par le Comité des ministres du Conseil cette semaine.
La Coalition of Rights Organizations comprend la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Amnesty International, la Commission internationale des juristes, parmi plusieurs autres.
Ces organisations de défense des droits craignent que ce tribunal «ne devienne une entité éloignée et creuse qui ne s’engage pas avec les victimes ukrainiennes ou ne leur donne pas accès à la procédure», comme a déclaré Oleksandra Matviichuk, vice-président de FIDH et chef du Center for Civil Liberties. Il est particulièrement préoccupant qu’à moins qu’un projet de rapport ne soit publié, il ne peut être garanti que les voix des victimes et des survivants de la guerre de l’Ukraine seront entendues dans la création du tribunal.
Des préoccupations particulières ont été soulevées par les organisations sur certains aspects du tribunal détaillé dans l’explicateur publié par le Comité des ministres du Conseil de l’Europe. Premièrement, bien que les hauts dirigeants politiques et militaires soient poursuivis au Tribunal, les «immunités personnelles» seront accordées aux membres de la Troika des Fédérations russes (chef de l’État, chef du gouvernement et ministre des Affaires étrangères). L’explicateur précise que les membres de la Troika «ne pouvaient être jugés que devant le tribunal spécial que s’ils n’étaient plus au pouvoir ou si leur immunité avait été annulée.» Un autre problème soulevé par les organisations internationales est la possibilité de détenir des procès en contumace. Les organisations craignent que cette possibilité affaiblit l’état de droit en empêchant un procès équitable d’être détenu et en réduisant à son tour la crédibilité du droit international.
Bien que six mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (ICC) aient été délivrés contre des responsables russes pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, la CPI n’a pas été en mesure d’essayer les responsables russes pour des crimes d’agression, un autre crime en vertu de la Convention de Genève. L’Ukraine a officiellement demandé que le Conseil d’Europe établisse un tribunal spécial pour le crime d’agression, qui permettrait aux responsables russes d’être jugés pour des crimes d’agression. L’accord pour créer le tribunal devrait être signé par le secrétaire général du Conseil de l’Europe, conformément à une décision adoptée par le Comité des ministres mercredi.